Difficile pour un parisien guitariste de ne
pas succomber à l’invitation de l’affiche du "Swing de Paris" de
Django Reinhardt. Loin d’être un inconditionnel du jazz manouche - comme peut
l’être un certain Thomas Dutronc par exemple - je dois avouer que le personnage
de Django m’a toujours intrigué.
N’ayant jamais sauté le pas pour entrer dans
son univers, cette exposition de la Cité de la Musique, simplement organisée de
manière chronologique, a facilité ma découverte. Il est en effet facile
d’évoluer au milieu des tables de billard installées pour l’occasion où
s’éparpillent sous verre des coupures de presse, des affiches, de nombreuses
photos et bien sûr des partitions d’époque ainsi que des disques vinyles 78
tours et 25 cm.
La musique est constamment à l’honneur et les
oreilles des visiteurs savourent inconsciemment le jazz de Django qui swingue
en fond sonore.
Et puisque cette exposition suit Django tout
au long de sa vie dans la première moitié du XXème siècle, on se balade aussi
dans un exposé très réussi de la vie parisienne de 1910 à 1953. On découvre les
camps tziganes installés au pied des "fortifs" de Paris pour passer
ensuite par les bals Musette de l’Est parisien. Puis la Java laisse la place au
Jazz dans les premiers clubs de l’entre-deux guerres pour continuer dans les
salles de spectacle d’un Paris occupé. Et si Django s’envole un temps à la
conquête des Etats-Unis et s’y casse les ailes, c’est pour mieux revenir en
France et reprendre goût à la musique en plein Saint Germain des Prés du début
des années 50.
On peut donc trouver entre autre sur les tapis
des tables de billards des unes du "Petit Journal" du début du
siècle, colportant les stéréotypes associés aux gens du voyage puis un peu plus
loin des affiches consacrées au Jazz Hot Club de France mais aussi des photos Harcourt des musiciens vedettes de la compagnie Swing. Et même des jetons de bal ! Saviez-vous à
ce sujet que l’expression "Passez la monnaie" vient des bals
musettes ? Entre chaque morceau, les danseurs devaient en effet payer les
musiciens en jetons pour que l’orchestre continue de jouer !
Django Reinhardt chez lui à Samois, 1953,
coll. particulière © Hervé Derrien
Partition « Anouman », slow-fox de
Django Reinhardt, Publications Francis Day, 1953
coll. particulière © DR
Jeton de bal « Bal dancing des Fleurs »,
vers 1925, coll. particulière © DR
Cette exposition se termine le 23 janvier
prochain, alors courez vite à la Cité de la musique pour suivre le fil de cette
vie musicale fascinante où vous pourrez également découvrir des toiles peintes
par Django lui-même et bien sûr de nombreux instruments principalement à cordes
dont les fameuses guitares Selmer.
A ce propos, n’oubliez pas en fin de visite de
vous engouffrer dans le couloir tapissé de disque vinyles pour accéder à
l’atelier Maccaferri Selmer et vous assoir quelques minutes pour regarder en
point d’orgue le film "Django Reinhardt", réalisé par Paul Pariot
en 1957. Vous prolongerez ainsi en images et en anecdotes tout ce que vous
aurez pu découvrir lors de votre visite.
Le Parisien
Cité de la Musique
221 avenue Jean Jaurès, Paris 19e
M° Porte de Pantin
Jusqu’au 23 janvier 2013
Ouvert du mardi au jeudi, de 12h à 18h ;
le vendredi et le samedi, de 12h à 22h ; le dimanche, de 10h à 18h
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