Madeleine Vionnet dans son studio avenue montaigne vers 1930
Depuis le 24 juin 2009…et jusqu’à demain, les Arts Décoratifs propose une rétrospective des collections d’une créatrice de mode du début du XXe siècle, Madeleine Vionnet.
Dernière salle de l'exposition © La Parisienne du Nord
J’y suis allée jeudi dernier et j’ai passé 1 heure émerveillée devant chaque robe et surprise par la beauté de tant de simplicité.
A noter, l’originalité de cette exposition : les cadres numériques de présentation des robes. Outre le descriptif des robes, étaient présentés des photographies de dépôt de modèles, des croquis.
A noter, l’originalité de cette exposition : les cadres numériques de présentation des robes. Outre le descriptif des robes, étaient présentés des photographies de dépôt de modèles, des croquis.
Lamé argent, col à rabat en guipure (Photo © La Parisienne du Nord)
(velours façonné, fond satin, motifs feuilles noires à nervures blanches)
Robe du soir, été 1924, modèle n°2078 au 2nd plan
(lamé argent) [Photo © La Parisienne du Nord ]
Mousseline grise brodée de motifs en croisillons en tubes argent et strass (Photo © La Parisienne du Nord)
Mousseline ivoire taillée en biais brodée
de motifs de nuages stylisés en tube argent. (Photo © La Parisienne du Nord)
Née en 1876, Madeleine Vionnet débute dans la couture en 1888, en tant qu’apprentie. A l’âge de 20 ans, elle part à Londres, prétextant vouloir apprendre l’anglais. Elle travaillera chez Kate Reily, qui habille les femmes de la haute société londonienne. Cette expérience donnera un élan à sa carrière.
A son retour en France en 1901, elle intègre la maison des trois sœurs Callot en tant que première d’atelier. Elle restera 5 ans jusqu’à ce que Jacques Doucet l’engage et lui confie sa maison de couture.
Le style Vionnet est plus léger : la silhouette est moins raide, moins ornée et surtout débarassée du corset, que Madeleine Vionnet n’apprécie absolument pas, le qualifiant d’accessoire orthopédique !
A son retour en France en 1901, elle intègre la maison des trois sœurs Callot en tant que première d’atelier. Elle restera 5 ans jusqu’à ce que Jacques Doucet l’engage et lui confie sa maison de couture.
Le style Vionnet est plus léger : la silhouette est moins raide, moins ornée et surtout débarassée du corset, que Madeleine Vionnet n’apprécie absolument pas, le qualifiant d’accessoire orthopédique !
A droite : Photographie Studio Dax parue
dans L’Officiel de la mode, 1938, n°208
Robe du soir, hiver 1924
Elle décide de créer sa propre maison en 1912, au 222 rue de Rivoli, qui connaîtra un grand succès, surtout après la guerre, et son essor notamment grâce aux capitaux extérieurs.
Elle sera obligée de fermer sa maison de couture pendant la 1ère guerre mondiale. En 1923, elle s’installe dans un hôtel particulier au 50 avenue Montaigne.
Très en avance sur son temps en matière sociale, elle est attentive aux conditions de travail, soucieuse de la formation, généreuse sur les avantages en nature et octroie des congés payés (sans que la loi ne l’y oblique), des soins médicaux gratuits, des primes de naissance et crée une crèche. Elle est une femme d’affaires avisée et ainsi en évitant des déplacements inutiles, augmente sa productivité.
Malgré cette avance sociale, elle n’échappe pas aux grèves de 1936. Par la suite, différents événements (2e guerre mondiale, expiration du bail en 1939, retrait des investisseurs) auront raison de la maison de couture, qui sera liquidée, le personnel licencié et les robes et les stocks de tissus vendus aux enchères.
Madeleine Vionnet conservera malgré tout des archives qu’elle offrira en 1952 à l’UFAC (Union Française des Arts du Costume) soit 122 robes, 750 toiles patron, 75 albums photographiques de copyrights, des livres de comptes et des ouvrages issus de sa bibliothèque personnelle. Cette collection est désormais conservée par les Arts Décoratifs et dont nous avons pu profiter au cours de ces 6 derniers mois….et encore demain !
Elle sera obligée de fermer sa maison de couture pendant la 1ère guerre mondiale. En 1923, elle s’installe dans un hôtel particulier au 50 avenue Montaigne.
Très en avance sur son temps en matière sociale, elle est attentive aux conditions de travail, soucieuse de la formation, généreuse sur les avantages en nature et octroie des congés payés (sans que la loi ne l’y oblique), des soins médicaux gratuits, des primes de naissance et crée une crèche. Elle est une femme d’affaires avisée et ainsi en évitant des déplacements inutiles, augmente sa productivité.
Malgré cette avance sociale, elle n’échappe pas aux grèves de 1936. Par la suite, différents événements (2e guerre mondiale, expiration du bail en 1939, retrait des investisseurs) auront raison de la maison de couture, qui sera liquidée, le personnel licencié et les robes et les stocks de tissus vendus aux enchères.
Madeleine Vionnet conservera malgré tout des archives qu’elle offrira en 1952 à l’UFAC (Union Française des Arts du Costume) soit 122 robes, 750 toiles patron, 75 albums photographiques de copyrights, des livres de comptes et des ouvrages issus de sa bibliothèque personnelle. Cette collection est désormais conservée par les Arts Décoratifs et dont nous avons pu profiter au cours de ces 6 derniers mois….et encore demain !
Photographie de dépôt de modèle, collection hiver 1938
Photographie de dépôt de modèle, collection été 1938
Le style Vionnet
Madeleine Vionnet se passe de croquis préparatoire et travaille sur un petit mannequin de bois articulé, qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble, en 3 dimensions. Elle préfère les coloris unis et plus particulièrement le noir et le blanc. Beaucoup des robes présentées lors de cette exposition sont noir ou blanc crème. Il y a 2/3 robes en tissus imprimé et les seuls réels motifs que l’on peut voir sont des broderies ou des fleurs en tissus.
La 1ère guerre mondiale aura, par la force des choses, donné une allure moderne aux femmes. Le corset est définitivement supprimé, permettant une liberté de mouvement. Les vêtements deviennent plus confortables.
Ayant une excellente connaissance des qualités techniques des tissus, Madeleine Vionnet les exploite au maximum. Dès l’après-guerre, elle maîtrise la coupe en biais (on parle de biais quand le patron est posé dans la diagonale du tissu). Avec cette technique, le vêtement tombe différemment. Le biais donne une plus grande élasticité et les ourlets souples décrivent des godets et font virevolter la silhouette.
Ayant une excellente connaissance des qualités techniques des tissus, Madeleine Vionnet les exploite au maximum. Dès l’après-guerre, elle maîtrise la coupe en biais (on parle de biais quand le patron est posé dans la diagonale du tissu). Avec cette technique, le vêtement tombe différemment. Le biais donne une plus grande élasticité et les ourlets souples décrivent des godets et font virevolter la silhouette.
Robe, hiver 1920
Robe, hiver 1920 à plat
Robe du soir, hiver 1921
Robe, été 1922
Robe, été 1920
Robe du soir, été 1938
Robe du soir, hiver 1936
Durant les années 20, Madeleine Vionnet opte pour des formes géométriques, les utilisant en pans libres, noués ou cousus, courts ou longs, drapés ou plats afin de créer des asymétries ou des symétries. Pour ce rendu, elle privilégie le crêpe. J’ai découvert lors de cette exposition une multitude de sorte de crêpe : crêpe d’Albène, crêpe marocain, crêpe Rosalba ( appellation commerciale, composé de crêpe de soie et albène [acétate] de la maison Blanchini-Fervier), crêpe de Chine, crêpe Georgette, crêpe satin, crêpe romain, crêpe « françoise » (appellation commune d’un type de crêpe dans les années 30).
Robe, hiver 1920 à plat
Robe du soir, hiver 1921
Robe, été 1922
Robe, été 1920
Au début des années 30, elle opte pour des coupes plus traditionnelles qui mettent en valeur les courbes naturelles du corps, qui s’évasent en corolle à partir de la taille. Dans la 2e moitié des années 30, « Madeleine Vionnet continue à élaborer des drapés mais abandonne les pans flottants pour un aspect épuré ». Tout en conservant le graphisme des années 20, elle s’éloigne des robes rectangulaires des années folles au profit de la rondeur. Les jupes sont coupées dans des cercles et les manches en forme ballon.
Robe du soir, été 1938
Robe du soir, hiver 1936
Collection été 1933
J’ai été marqué par la fluidité de l’ensemble de ses créations. Outre le crêpe, Madeleine Vionnet utilisait le taffetas, l’ottoman, la mousseline, le tulle, le voile de soie, la panne de velours, la chantilly (dentelle très légère), le lamé, la dentelle, l’organdi. Autant de matière qui permettent cette légèreté, cette souplesse de la silhouette.
Les broderies sont réalisées par les ateliers Lesage qui inventa, d’ailleurs, une technique qui permettait de garder la souplesse du crêpe et de ne pas gêner le mouvement du biais : le « vermicelle droit fil » (les points de fixation des éléments brodés suivent le sens du tissu).
Crédit photos (sauf mention contraire) : Photos Les Arts Décoratifs, UFAC © Patrick Gries
Il est vraiment URGENT que je prenne un peu de temps pour moi, et que je fasse comme toi un peu des expos sympas ;) Quelle merveille - dommage que ce soit déjà fini ! Merci en tout cas pour le reportage ;)
RépondreSupprimerBeau travaille, les notes ont été relevées sérieusement…
RépondreSupprimerA l’origine, en HAUTE COUTURE les Grandes Couturières (ou Couturiers) travaillaient toujours sur mannequins de bois recouverts (petits comme ceux de Madeleine Vionnet ou plus grands, mais jamais ne créaient un modèle à plat. Elles savaient coudre et travailler les tissus). Beaucoup plus tard sont venus les stylistes, qui dessinaient leurs idées, des croquis, mais bien souvent savaient peu coudre, suivaient l’évolution de leurs créations, réalisée (là encore sur mannequin) par les couturières qui ont le mérite du résultat.
Merci Elfine pour ces précisions...En effet l'exposition présentait ça comme exceptionnel à l'époque...
RépondreSupprimer@ Libelul : De rien. Ces moments sont assez rares aussi pour moi mais j'ai découvert les nocturnes pour les expos et c'est une bonne solution pour se prendre un peu de temps pour soi...
RépondreSupprimerje connaissais le crêpe de Chine, le crêpe Georgette, mais je ne connaissais pas le crêpe Rosalba .... Merci pour ce beau documentaire
RépondreSupprimerMa maman fut une des premières mains de madame Vionnet,elle appris son métier,trés bonne couturière grace à Madeleine Vionnet
RépondreSupprimerJe suis historien ET petite main diplomee de la Chambre Syndicale de la Couture parisienne. Je serais ravi de savoir plus sur la carriere de votre mere, et sur ce qu'elle avait appris chez Vionnet - veuillez me contacter: bayouvelours@hotmail.com
SupprimerMa grand mère, était la cousine germaine de Madeleine Vionnet;De 1964 à 1968, je me rendais chez elle(Square Antoine Arnault)elle m'avais donné,un "négligé"de soie rouge,afin que je puisse descendre prendre le petit déjeuné correctement vêtu.
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